Dans l’atelier de Formel Studio

Journal / 21 févr. 2024
Kann Design - Dans l’atelier de Formel Studio

Interview par Charlotte Imbault

 

Alors que Formel Studio a dessiné pour Kann la nouvelle collection Plan qui comprend un ensemble de plusieurs étagères murales, une visite de leur atelier dans le 19e arrondissement de Paris s’impose pour mieux comprendre les ressorts de leur travail. Entre espace dédié à la fabrication d’un côté, et espace réservé au dessin de l’autre, le studio fondé il y a quatre ans par Timothée Concaret, designer industriel, et Nicolas Mérigout, artisan-designer, ne cesse de créer des allers-retours entre la conception et la réalisation.

 

Comment le duo fonctionne-t-il ?

On essaye de tout faire ensemble : dessiner et fabriquer, même si l’un s’est formé en ébénisterie et en design d’espace, et l’autre en design produit et en agence d’architecture. Ce que nous aimons avec notre dessin, c’est de pouvoir dessiner des objets qui vont tout de suite être réalisables, sans pour autant tomber dans la facilité, car on aime aller aux limites de la matière. Quand on dessine pour une maison d’édition comme Kann, on a le regard aussi de fabricants, ce qui nous permet à la fois de proposer un dessin qui ne va pas entraîner une débauche de moyens et d’anticiper une fabrication rationnelle. Par exemple, pour la collection Plan, notre regard d’artisan s’est arrêté sur une largeur de planche de 120 millimètres car c’est cette largeur qui permet à une planche d’être en lame pleine sans collage : en évitant le collage, on assure moins de main d’œuvre et une meilleure stabilité du meuble.

studio formel - Kann Design

Kann étant fabriquant comment avez-vous collaboré ?

On a joué le jeu à fond en n’allant pas plus loin que le dessin dans le processus de création. On s’est inspiré de leur univers tout en gardant le nôtre. Kann a ensuite réalisé les prototypes et tout le suivi de fabrication avec l’expertise qu’on leur connaît. Si on a voulu dessiner pour Kann, c’est que l’on estime beaucoup la ligne artistique et le soin accordé à la fibre minimale. Quand on a rencontré Meghedi et Houssam, ça a tout de suite matché et c’est une grande satisfaction de pouvoir travailler à cette échelle de diffusion tout en restant dans une maison d’édition familiale.

 

Quelles formes vous inspirent ?

C’est la fonction de l’objet qui nous inspire. Sur toutes nos pièces, on souhaite aller à l’essentiel d’une forme. On est influencés par le design japonais qui repose sur deux principes : la fonctionnalité et la multifonctionnalité. Nous souhaitons pouvoir retrouver dans la forme d’un objet, son utilité sans fioritures ni arabesques. On est très attirés par le côté brutaliste d’une matière comme le bois. On s’attache à travailler les détails comme les croisements de fils qui permettent de voir la fibre du bois dans la longueur de l’arbre pour la collection Plan.

 

Pourquoi le bois est-il votre matière de prédilection ?

L’arrière-grand-père de Nicolas était menuisier. Il est tombé dedans dès l’enfance. D’ailleurs l’établi de l’atelier est un héritage familial. Le bois est une matière ancestrale qui a toujours été là pour l’espèce humaine et qui continue de nous accompagner. Le bois est à la fois une matière familière et unique : chaque morceau a ses motifs spécifiques. C’est une matière extrêmement belle à travailler, chaleureuse et exigeante. Si on la comprend, on l’écoute, elle peut même devenir malléable. Nous travaillons principalement les essences que l’on trouve en France : chêne, frêne et hêtre. À titre personnel, on est très hêtre, car c’est un bois qui se travaille très bien, résistant et accessible. Pour la collection Plan fabriquée par Kann, c’est le chêne qui a été utilisé, leur bois-signature, et dont le veinage est plus marqué et la couleur plus douce, plus crème.

studio formel - Kann Design
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Les étagères Plan ont la particularité d’être murales, comment est arrivé ce choix ?

Pour le côté pratique et la possibilité de gagner de l’espace. On a décidé aussi de les dessiner ouvertes, pour augmenter leurs fonctionnalités : les étagères permettent de ranger mais aussi de montrer les objets. Il y a quelque chose d’architectural dans leur présence : indépendantes, isolées du sol, elles se détachent comme un cadre. Chaque étagère contient aussi un aspect sériel, en invitant à la répétition avec un motif de proportions qui peut se prolonger en partie haute ou en partie basse.

 

Dans votre atelier, on peut voir un espace dédié à la fabrication de sacoches de vélo. Quel lien avec le studio ?

Timothée mène ce projet en parallèle depuis plusieurs années. Il a créé sa propre marque : Copra. Avec la bagagerie, l’échelle est différente du mobilier que l’on dessine, mais ce sont les mêmes questions et les mêmes contraintes. Et parfois la frontière est trouble : c’est en travaillant l’hypalon, une toile extrêmement résistante et indéchirable, qui fait penser au cuir dans sa façon de se plier que cette même matière a été utilisée pour le fauteuil-transat « mungo », l’une de nos dernières expérimentations.

studio formel - Kann Design
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